Le Film du jour n°95 : Nos amis réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Riusciranno i nostri eroi a ritrovare l'amico misteriosamente scomparso in Africa ?

Un film italien d'Ettore SCOLA (1968) avec Alberto Sordi, Bernard Blier, Nino Manfredi, Erika Blanc, Alfredo Marchetti...

Le Film du jour, qui figure sans problème dans la liste des bandes aux titres les plus longs de l'histoire du cinéma (voir à ce sujet Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ?), ne trompe pas sur la marchandise. Le sujet est dans le titre ! "Énorme bouffonnerie qui se moque des films exotiques, de la classe dirigeante italienne et du complexe de supériorité du Blanc sur le Noir" (Jean Tulard), "quête picaresque dans une Afrique de bande dessinée avec quelques dénonciations bien amenées sur le mode satirique" (Bernard Rapp/Jean-Claude Lamy), bref... Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? est un film à voir, d'autant que le film est disponible en DVD chez SNC dans la collection "Les maîtres italiens".

Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami... mystérieusement disparu en Afrique ? l'histoire : Fausto di Salvio, un éditeur romain (Alberto Sordi), décide, par goût des voyages, de partir en Angola à la recherche de son beau-frère (Nino Manfredi) disparu dans des conditions mystérieuses (je vous l'avais bien dit que tout était dans le titre...). Il emmène avec lui son comptable (Bernard Blier). Après bien des tribulations, ils retrouvent ledit beau-frère devenu sorcier d'un village. Celui-ci refuse de revenir à la civilisation (on peut le comprendre vu la qualité des classes dirigeantes dans nos sociétés occidentales...).

Ettore Scola (image : www.toutlecine.com)

Inutile de présenter Ettore Scola, le réalisateur du Film du jour. Né en 1931 et décédé en 2016, l'homme est considéré comme un cinéaste italien majeur, spécialiste de la comédie à l'italienne au même titre qu'un Dino Risi, un Mario Monicelli ou un Luigi Comencini.

D'abord journaliste puis scénariste (pour Dino Risi notamment), il passe à la réalisation en 1964 avec le film à sketches Parlons femmes, film dans lequel Vittorio Gassman interprète huit rôles différents. Il acquiert sa réputation avec des films où sont abordés sur le mode humoristique des problèmes très concrets : la jalousie maladive (Drame de la jalousie, 1970, avec Monica Vitti et Marcelo Mastroianni), les iniquités de la justice (La plus belle soirée de ma vie, 1972, avec Pierre Brasseur et Michel Simon), les destinées d'anciens partisans (Nous nous sommes tant aimés, 1974, avec Nino Manfredi, Victorio Gassman et Stefania Sandrelli), la misère dans les banlieues (Affreux, sales et méchants, Prix de la mise en scène à Cannes en 1976, avec Nino Manfredi), le nombrilisme et la déconfiture des intellectuels de gauche (La terrasse, 1979, avec Ugo Tognazzi, Victorio Gassman, Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant et Serge Reggiani), etc.

Sophia Loren, en mère de famille usée et désabusée, et Marcello Mastroianni, en intellectuel homosexuel condamné à l'exil, sont magnifiques dans ce film réalisé en 1977 par Ettore Scola

Mais Ettore Scola sait aussi se montrer sérieux lorsqu'il signe Une journée particulière (1977), qui conte la fugace rencontre de deux solitudes (Marcello Mastroianni et Sophia Loren) dans un immeuble déserté par la populace partie acclamer Hitler et Mussolini (César 1978 du meilleur film étranger).

Sérieux, Ettore Scola l'est encore avec Passion d'amour (1981), qui narre un amour impossible, avec Bernard Giraudeau et Jean-Louis Trintignant (nan, l'histoire d'amour, c'est pas entre eux, tsss...) ou avec La nuit de Varennes (1982), qui décrit la rencontre improbable entre Restif de la Bretonne (Jean-Louis Barrault), Casanova (Mastroianni), un Américain libéral (Harvey Keitel) et une dame de compagnie de la reine (Hannah Schygulla), ballotés dans une diligence lancée à la suite de Louis XVI et de Marie-Antoinette fuyant les Tuileries.

Avec Le bal (1984), Ettore Scola décrocha le César du meilleur réalisateur (image : www.dreammovies.net)

En 1984, Ettore Scola décroche le César du meilleur réalisateur pour Le bal, sorte de chronique du XXe siècle vue à travers le petit bout de la lorgnette d'une salle de bal. En 1985, il fait se confronter Jack Lemmon et Marcello Mastroianni dans Macaroni, puis semble marquer un peu le pas avec La famille (1987) et Splendor (1989), avant de signer le très émouvant Quelle heure est-il ? (1989), dans lequel un père et son fils apprennent, le temps d'une journée, à se connaître et à se comprendre. (Marcello Mastroianni et Massimo Troisi se virent attribuer pour ce film un double prix d'interprétation au festival de Venise.)

Depuis, Ettore Scola a signé, entre autres, Le voyage du capitaine Fracasse (1990) avec Vincent Perez et Emmanuelle Béart, Le dîner (1999) avec Fanny Ardant et Vittorio Gassman, et un très bon Gente di Roma (2004), ensemble de saynètes nostalgiques sur la ville de Rome (où les amateurs d'antiquités reconnaîtront au détour d'un plan Stefania Sandrelli... oui, je sais, c'est moche de ma part...). Ce dernier film n'est pas sans évoquer le Roma (1971) de Fellini, qui, lui, croisait dans une ruelle déserte la grande Anna Magnani.

Publié dans Titres étranges

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article