Le Film du jour n°51 : La trancheuse infernale

Publié le par lefilmdujour

Titre original: L'uomo senza memoria

Un film italien de Duccio TESSARI (1974) avec Luc Merenda, Senta Berger, Umberto Orsini, Anita Strindberg...

Je préfère vous prévenir d'emblée. Le titre français du Film du jour est une arnaque. Mais il faut dire que la tronçonneuse (car c'est bien elle qui se cache derrière l'appellation non contrôlée de "trancheuse") était furieusement à la mode en ce début des années soixante-dix. Et pour cause : le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, qui a marqué toute une génération de cinéphiles, est sorti sur les écrans cette même année 1974. Les distributeurs ont donc voulu, comme à leur habitude, profiter de l'aubaine. L'outil susnommé n'apparaît toutefois que dans la scène finale de La trancheuse infernale (dans le cadre d'une utilisation particulièrement sanglante, il est vrai).

Senta Berger s'adonne au bricolage dans La trancheuse infernale (Tessari, 1974) (image : www.dvdclassik.com)

Quant au long métrage de Duccio Tessari, il ne s'apparente ni au film d'horreur, ni même au giallo (voir Mais qu'avez-vous fait à Solange ? et La mort a pondu un œuf). Ressorti en DVD dans la collection Giallo (personne n'est parfait...) de Neo Publishing sous le titre beaucoup moins évocateur (mais plus proche de la réalité) de L'homme sans mémoire, le Film du jour s'apparente plutôt au thriller psychologique. Seules une courte scène récurrente (un homme se faisant trancher la gorge au rasoir ressurgit à intervalles réguliers à la surface de l'esprit embrumé du héros amnésique) ainsi que la scène finale peuvent, à la rigueur, le faire passer pour un giallo...

Les Titans (1961), un chef-d’œuvre du péplum signé Duccio Tessari

Le réalisateur Duccio Tessari (1926-1994), d'ailleurs, n'est pas un spécialiste du genre. Ses titres de gloire, il faut plutôt aller les chercher du côté du péplum (avec Les Titans, 1961, un chef-d’œuvre dans sa catégorie), du film à grand spectacle (Le procès des doges, 1963, avec Michèle Morgan et Jacques Perrin), voire du western-spaghetti (Le retour de Ringo, 1965, et Un pistolet pour Ringo, 1966, tous deux avec Giuliano Gemma). Alain Delon lui confia également la réalisation de deux films : Les grands fusils (1973) où l'acteur joue un justicier froid, solitaire et... efficace, puis Zorro (1974) où Delon joue aussi un justicier, mais celui-là, il est plutôt du genre à signer d'un Z qui veut dire... (ah ! les trous de mémoire...).

La trancheuse infernale, l'histoire : Edward sort d'un long séjour hospitalier suite à un accident de voiture où il a perdu la mémoire. Des inconnus (pour lui) viennent lui demander des comptes sur un passé qu'il a oublié. Rejoignant sa femme installée en Italie (mais il ne la reconnaît pas, le pauvre, pourtant elle est sacrément mignonne puisqu'il s'agit de l'épatante Senta Berger...), il est constamment suivi par un homme qui n'hésite pas à les menacer, lui et son épouse. Avant son amnésie, n'aurait-il pas été un sombre salaud impliqué dans un trafic de drogue et mêlé, peut-être, à un meurtre affreux ? Le passé, peu à peu, resurgit...

Luc Merenda

Né en France en 1943, Luc Merenda, le "héros" de La trancheuse infernale, a mené la plus grande partie de sa carrière cinématographique de l'autre côté des Alpes. Avant de s'installer en Italie, il s'est néanmoins glissé dans le costume d'OSS117 dans OSS117 prend des vacances (Pierre Kalfon, 1970) aux côtés d'Edwige Feuillère et d'Elsa Martinelli. On l'a également aperçu dans Les assassins de l'ordre (1970), un Carné dernière période avec Jacques Brel et Catherine Rouvel.

Est-ce la main gantée de Luc Merenda sur cette jaquette DVD de Torso (Martino, 1973)?

Après l'énorme succès remporté en Italie par Soleil Rouge (Terence Young, 1971), où il côtoie Charles Bronson, Alain Delon, Toshiro Mifune et Ursula Andress (excusez du peu !), Luc Merenda se spécialise dans les polars transalpins violents.

Parmi les plus réussis, il faut citer Police parallèle en action (Martino, 1973) où il abat de sang-froid deux repris de justice prêts à se rendre (fumier, va !), Salut les pourris (Di Leo, 1974), où il est un flic corrompu qui n'hésite pas à tabasser les travestis (ordure !), ou bien encore L'exécuteur vous salue bien (Massi, 1977) (t'es un pote à Sarko ou quoi ?). L'acteur est également au générique de Torso (1973), excellent giallo de Sergio Martino avec les sublimes Suzy Kendall et Tina Aumont.

Au milieu des années 80, il renoue avec le succès en France en jouant dans la fameuse série TV "Chateauvallon" (Chantal Nobel, où es-tu ?).

Luc Merenda en détective italien dans Hostel: Part II (2007) d'Eli Roth

Aujourd'hui retiré des écrans, il s'occupe d'antiquités asiatiques du côté des puces de Saint-Ouen avec son épouse (www.asie-antiquites.com). En 2007, il a néanmoins fait une courte apparition en forme de clin d’œil dans le rôle d'un policier dans Hostel: Part II d'Eli Roth.

Publié dans Titres étranges

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