Le Film du jour n°36 : 24 heures chez les Martiens

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Rocket Ship X-M

Un film américain de Kurt NEUMANN (1950) avec Lloyd Bridges, Osa Massen, John Emery, Noah Berry Jr., Hugh O'Brian...

Vingt-quatre heures chez les Martiens (et pas une minute de plus, SVP !) appartient à la vague des schlocks, ces films de science-fiction qui envahirent les salles obscures dans les années cinquante. Pourquoi schlock, me direz-vous ? En fait, cette onomatopée évoque le son produit par un objet métallique heurtant une poubelle et comme, à l'époque, les soucoupes volantes représentées à l'écran ressemblaient plus à de vulgaires couvercles en aluminium qu'à des véhicules spatiaux dignes de ce nom (du type Nostromo ou Enterprise), le rapprochement fut vite fait.

Destination Lune (Pichel, 1950), premier film de science-fiction "moderne" (image : www.moviegoods.com)

Historiquement, ce fut Destination Lune (Irving Pichel, 1950), œuvre aujourd'hui complètement démodée, qui donna ses premières lettres de noblesse à la science-fiction cinématographique "moderne" (c'est-à-dire sans véritables contradictions avec les connaissances scientifiques de son époque). Et c'est en 1951 que sortirent sur les écrans trois sommets du genre, devenus désormais des classiques : Le jour où la Terre s'arrêta de Robert Wise, Le choc des mondes de Rudolph Maté et La chose d'un autre monde de Christian Nyby, dont John Carpenter fit un remake particulièrement réussi (et particulièrement horrifique) avec The Thing en 1982.

Évidemment, les satanés Martiens furent rapidement appelés à la rescousse pour jouer les méchants de service. Et pour cause ! Dans l'imaginaire ricain des années 50, perturbé par les oukases d'un certain McCarthy, ces vilains aliens s'apparentaient aux communistes, les fameux ennemis de l'Amérique. Mars n'est-elle pas baptisée la planète ROUGE ???

La chose d'un autre monde (Nyby et Hawks, 1951), un classique du cinéma de science-fiction (image : www.rogerweir.com)

Parmi les nombreux films où sévirent ces salauds de Martiens, on peut citer, outre 24 heures chez les Martiens, La guerre des mondes (Haskin, 1953), inspiré du roman homonyme de H.G. Wells et "refait" par Spielberg en 2005, Les envahisseurs de la planète rouge (Menzies, 1953) et Robinson Crusoé sur Mars (Haskin, 1964). Ces saletés d'E.T. ont même réussi à effrayer les Japonais dans Prisonnière des Martiens (Hinoshiro Honda, 1957) ! Plus récemment, on les a vus, toujours aussi méchants, mais pleins d'humour vachard, dans Mars Attacks ! de Tim Burton (1996).

Vingt-quatre heures chez les Martiens, l'histoire : Décollage réussi pour la première fusée à destination de la Lune. A son bord, l'équipe de scientifiques est toute guillerette et parle de la pluie et du beau temps. Mais, patatras, le compartiment moteur fait entendre un bruit effrayant. Le vaisseau commence à perdre de la vitesse et se met à dériver vers Mars à toute allure (oui, je sais, c'est pas très cohérent, mais c'est comme ça, et pis c'est tout). Sur la planète rouge, ils découvrent les restes d'une civilisation martienne (ben oui, on est sur Mars !) évoluée. Des restes oui, et des beaux... parce que quelques spécimens vivent encore. Retournés à l'âge de pierre, ces Martiens n'en sont pas moins de sales teignes, parce qu'ils nous en tuent deux, de nos scientifiques. C'est alors que le chef de l'équipe regarde sa montre et dit: "Ça fait 24 heures qu'on est là, y en a marre, on se tire".

La mouche noire (1958) est un classique de l'épouvante à mettre aussi au crédit du réalisateur Kurt Neumann (image : www.allocine.fr)

Comme son nom l'indique, Kurt Neumann n'est pas américain, ce qui ne l'a pas empêché de faire toute sa carrière de réalisateur chez l'Oncle Sam. Né en 1908 à Nuremberg et décédé en 1958, il vint à Hollywood au détour des années trente pour diriger les versions allemandes de certains films américains.

Dès 1932, Kurt Neumann passe toutefois à ses propres mises en scène. Plutôt cantonné dans le film à petit budget, il signe quatre Tarzan relativement honorables, dont trois avec le "vrai" Johnny Weissmuller (Tarzan et les amazones, 1945 ; Tarzan et la femme-léopard, 1947 ; Tarzan et la chasseresse, 1947). Avec toutes ces femmes autour de son sauvage de mari, Jane devait être salement jalouse !

Kurt Neumann est néanmoins passé à la postérité grâce à La mouche noire (1958), dont David Cronenberg fera un remake en 1986. Bien que les trucages soient nettement moins poussés que ceux de la version de Cronenberg (l'homme se retrouve ici avec une tête de mouche et l'insecte avec un visage humain), La mouche noire n'en reste pas moins un classique incontestable du film d'horreur.

Les acteurs américains Jeff, Lloyd et Beau Bridges (image: rottentomatoes.com)

Héros de 24 heures chez les Martiens, l'acteur Lloyd Bridges (1913-1998) est le papa de deux autres acteurs, Beau Bridges et Jeff Bridges, le deuxième étant nettement plus connu que le premier. Quant à la Danoise Osa Massen (1914-2006), elle arriva à Hollywood en 1936 dans le sillage d'autres actrices nordiques appelées par les grands studios (Greta Garbo, Signe Hasso, Ingrid Bergman, etc.).

Elle quitta les écrans en 1962 sans avoir vraiment marqué l'histoire du cinéma. Tout juste peut-on noter sa présence près de Fred Astaire et Rita Hayworth dans L'amour vient en dansant (Lanfield, 1941), face à Joan Crawford dans Il était une fois (Cukor, 1941), et dans un petit film d'épouvante sympathique, La fille du loup-garou (Henry Levin, 1943).

Publié dans Titres étranges

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