Le Film du jour n°28 : Soldat Duroc... ça va être ta fête !

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Michel GERARD (1974) avec Pierre Tornade, Robert Webber, Roger Carel, Michel Galabru...

A la mode dans les années soixante-dix, le film de bidasses, auquel est affilié Soldat Duroc... ça va être ta fête, est un sous-genre de la comédie franchouillarde. On y retrouve en général les mêmes acteurs dans les rôles de l'adjudant pète-sec, du sergent pas futé ou du capitaine à cheval sur le règlement, têtes de turc d'une poignée de troufions qui leur en font voir de toutes les couleurs. Le film de bidasses apparaît également comme le rejeton dégénéré du comique troupier des années 30, un genre particulièrement fécond avant la Seconde Guerre mondiale. On recense en effet une bonne quarantaine d'œuvres avec garnison au générique entre Le tampon du capiston (Toulout & Francis, 1930) et Ils étaient cinq permissionnaires (Caron, 1940).

La déroute de 1940 aura toutefois raison d'un genre où se sont notamment illustrés des acteurs comme Bach et Fernandel. De fait, le comique marseillais visita les casernes et fit le tour des popotes dans Les gaîtés de l'escadron (Tourneur, 1932), sans doute le meilleur la série avec Gabin et Raimu, Le coq du régiment (Cammage, 1933), La garnison amoureuse (de Vaucorbeil, 1933), Les dégourdis de la Onzième (Christian-Jaque, 1937) ou bien encore Ignace (Colombier, 1937) où il entonne à la cantonade "I-I-Ignace, I-I-Ignace, c'est un petit, petit nom charmant !". Bon sang, ça, c'était de la chanson !

Un bon exemple du comique troupier au cinéma dans les années 30 (image : www.web-libre.org)

Soldat Duroc... ça va être ta fête !, l'histoire : Septembre 1944. Le jeune soldat Bernard Duroc est super heureux de participer à la libération de Senlis, car c'est là que vit sa copine Nicole. Mais, au dernier moment, le colonel de son régiment annonce que ce sont les Américains qui se chargeront de cette tâche. Notre ami prend son courage à deux mains, décide de faire le mur et traverse les lignes allemandes pour retrouver... qui ? qui ? MAIS QUI ??? Mais Nicole, enfin ! Vous ne suivez pas, tsss ! Puisque c'est comme ça, j'arrête là ! Il y avait pourtant des quiproquos hyper rigolos à raconter ! Tant pis !

Une autre bidasserie signée Michel Gérard (image: www.cinema-francais.fr)

Né en 1933, Michel Gérard peut s'enorgueillir d'avoir signé quelques fleurons du film de bidasses. Outre Soldat Duroc... ça va être ta fête, il a commis Arrête ton char... bidasse (1977) et Les surdoués de la 1re compagnie (1981). Sa filmographie compte également plusieurs chefs-d'œuvre de la comédie française comme Salut les frangines (1975), T'es folle ou quoi ? (1982) (avec Aldo Maccione et Fabrice Lucchini en homos de service...) ou Retenez-moi ou je fais un malheur (1984) avec un Michel Blanc complètement égaré.

Il faut dire que le film de bidasses est la chasse gardée des génies cinématographiques. Philippe Clair, l'illustre réalisateur de Plus beau que moi, tu meurs (1982), s'y est en effet collé à plusieurs reprises (Les bidasses en cavale, 1977 ; Comment se faire réformer, 1978 ; Les réformés se portent bien, 1979). Tout comme Max Pecas (Marche pas sur mes lacets, 1977 ; Embraye bidasse, ça fume, 1978) et Michel Vocoret (Les bidasses au pensionnat, 1978). Ce dernier a d'ailleurs eu l'insigne privilège de diriger les Charlots dans Le retour des bidasses en folie (1982). Notre quatre lascars, eux, avaient déjà revêtu l'uniforme kaki dans Les bidasses en folie (1970) et Les bidasses s'en vont-en guerre (1974), deux films signés Claude Zidi.

Pierre Tornade (image : www.toutlecine.com)

Né en 1930 et décédé en 2012, le sympathique Pierre Tornade, qui interprète un sergent-chef dans Soldat Duroc... ça va être ta fête !, a commencé sa carrière au cinéma en 1955 dans Ce sacré Amédée de Louis Félix, film où se distinguent Jacques Dufilho et Françoise Fabian. Il pointe aux génériques de quatre films de Michel Gérard (Soldat Duroc ; Arrête ton char... bidasse ; Dis bonjour à la dame, 1977 ; C'est dingue... mais on y va, 1979) (que des titres à haute portée philosophique...) et fait partie de la joyeuse équipe de Mais où est donc passée la 7e compagnie ? de Robert Lamoureux (1973). Dans l'une de ses dernières prestations au cinéma, Pierre Tornade interprète le chef Biturix dans Les gauloises blondes (Jabely, 1988) aux côtés de Gérard Hernandez, qui endosse, lui, l'uniforme du centurion... Cunnilingus. Un sommet d'humour léger et fin, on s'en doute ! Dans les années 90, on a revu l'acteur en commissaire dans les épisodes de Nestor Burma à la télévision.

Précisons que Christophe Malavoy, né en 1952, fait sa première apparition (non créditée) au cinéma dans Soldat Duroc. Il réservera ses débuts "sérieux" devant une caméra pour Le dossier 51 (1978), l'excellent film de Michel Deville.

Publié dans Titres à nanars

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