Le Film du jour n°108 : Tarzana sexe sauvage

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Tarzana, sesso selvaggio

Un film italien de Guido MALATESTA (alias James REED) (1969) avec Ken Clark, Franca Polesello, Franco Ressel, Femi Benussi...

Comment ? Vous ne saviez pas que Tarzan avait une petite sœur ? Eh oui, madame ! Certes, son apparition sur grand écran ne date pas des années 30 comme son grand frérot. Il faudra attendre la fameuse année 69 pour que Tarzana pointe son nez (et ses nibards...) dans les salles obscures. Sa tragique histoire n'en est pas moins quasi similaire à celle de Tarzan et, comme son frangin, Tarzana aime se promener dans la savane... torse nu ! C'est d'ailleurs le seul intérêt de Tarzana, sexe sauvage, car, pour le sexe sauvage, faudra repasser !

Tout un programme...

Tarzana, sexe sauvage, l'histoire : Suite à un crash d'un avion en pleine jungle africaine, le fils, la bru et la petite-fille de Sir Donovan sont considérés comme décédés. Quinze ans plus tard, les restes de l'avion (et des passagers) sont retrouvés... mais on ne décèle aucune trace du bambin. Sir Donovan pense aussitôt que sa petite-fillotte bien-aimée est encore vivante (ben tiens...) et il organise une expédition pour récupérer la marchandise. Le beau Glen Shipper (Ken Clark) prend la tête de la petite troupe. Sur place, la savane bruit d'une rumeur : une tribu kényane aurait porté à sa tête une femme à la peau blanche. Son nom : Tarzana, un mot qui, comme chacun le sait (!), signifie "femme mystérieuse" en dialecte bantou (on en apprend des choses intéressantes en lisant le Film du jour, hein !). Serait-ce la tit' fifille à son pépé ? La sauvageonne pourra-t-elle se réhabituer à la vie civilisée ? Et, surtout, tombera-t-elle dans les bras musclés de Glen ? Je sais, le suspense est insoutenable...

Selon le numéro de novembre 2007 du magazine Mad Movies (qui contient par ailleurs un excellent dossier sur les imbrications du sexe et du gore au cinéma), les "belles de la jungle", pendants féminins du héros d'Edgar Rice Burroughs, apparurent au cinéma bien avant la dénommée Tarzana.

Dorothy Lamour, l'une des premières "belles de la jungle", passe la difficile mais incontournable épreuve de la banane..

Désirant surfer sur le succès de la série des Tarzan produite par la MGM, la Paramount embaucha dès 1936 l'actrice Dorothy Lamour pour Hula, fille de la brousse, film mis en scène par le réalisateur autrichien parachuté à Hollywood Wilhelm Thiele (ce dernier signa aussi dans les années 40 Le triomphe de Tarzan et Le mystère de Tarzan avec Johnny Weissmuller).

L'exotique Dorothy Lamour, miss Nouvelle-Orléans à 17 ans quand même, enfila à nouveau la peau de bête dans Toura, déesse de la jungle (Archainbaud, 1938) puis une fois encore (le public visiblement ne s'en lassait pas) dans Lona la sauvageonne (Murphy, 1944). Entre-temps, l'actrice s'était toutefois acoquinée avec le tandem Bing Crosby/Bob Hope et s'était réorientée dans le registre de la comédie pure avec la série des En route vers... (voir Un crack qui craque).

Marion Michael grimpe aux arbres dans la bien nommée Liane, la sauvageonne (von Borsody, 1957)

Dans les années 60, c'est l'Europe qui fait revenir les Tarzanes au premier plan. Les Allemands nous livrent sur un plateau les blondeurs à peine voilées de Marion Michael dans Liane la sauvageonne (von Borsody, 1957), celles de Catharina von Schell dans Liane, fille sauvage (von Cziffra, 1964), et celles de Gillian Hills, britannique d'origine, dans Les aventuriers de la jungle (film connu également sous le titre plus clair de La déesse blonde de Rio Beni) (Eugenio Martin, 1964).

Côté italien, ce sont les brunes qui enfourchent les lianes et font ami-ami avec les gorilles. L'eurasienne Kitty Swan dévoile ainsi ses appas généreux dans Gungala, la vierge de la jungle (1967) de Romano Ferrara (alias Mike Williams) et dans La panthère nue (1967) de Ruggero Deodato (alias Roger Rockfeller, bonjour le pseudo...).

Avant d'accéder à une notoriété planétaire dans les sexy-comédies à l'italienne (voir Tais-toi quand tu parles), Edwige Fenech jouera aussi les vierges africaines dans un nullissime Samoa, fille de la jungle (1968), réalisé par Guido Malatesta, celui-là même qui nous livre ce Tarzana, sexe sauvage... Mais, ici, c'est la tout aussi sublime Femi Benussi qui s'y colle - remarquez, le réalisateur l'a choisie parce qu'il l'avait déjà vue à l’œuvre : elle avait déjà un petit rôle dans Samoa !

Femi Benussi

Née en 1945 dans une ville alors italienne mais aujourd'hui située en Croatie, Femi Benussi (de son vrai nom, Eufemia Benussi) débute sa carrière à 19 ans sous les meilleurs auspices. Dans Vierges pour le bourreau (Pupillo, 1965), elle est en effet torturée avec amour par Mickey Hargitay, culturiste connu pour avoir été l'un des maris de la pulpeuse Jayne Mansfield. Après un détour "sérieux" chez Pasolini dans Des oiseaux petits et grands (1966), elle opte définitivement pour le cinéma "bis".

On retrouve alors Femi Benussi dans des westerns-spaghettis (L'homme qui venait pour tuer, Klimovsky, 1967 ; Le temps des vautours, Cicero, 1967 ; Requiem pour Gringo, Merino, 1968), des films polissons germaniques (Oui à l'amour, non à la guerre, Antel, 1968), des Zorro aux petits bras (Zorro le renard, Zurli, 1968), des "décamérotiques" et des péplums plus ou moins olé-olé (Les nuits érotiques de Poppée, Malatesta, 1969 ; Ton diable dans mon enfer, Albertini, 1972 ; Les 1001 nuits érotiques, Margheriti, 1972), des giallos (Une hache pour la lune de miel, Bava, 1969 ; Nue pour l'assassin, Bianchi, 1975) et des sexy-comédies à l'italienne aux titres réjouissants (Ce cochon de Paolo, Vicario, 1973 ; La novice se dévoile, Ferretti, 1975 ; La prof est experte en langues, Fidani, 1975 ; La prof et les farceurs de l'école mixte, Laurenti, 1976 ; La collégienne prend des vacances, Bianchi, 1976 ; Aïe, toubib, ne coupez pas !, Baldanello, 1976).

Femi Benussi dans "Nue pour l'assassin" (Bianchi, 1975). Au fond, Nino Castelnuovo en slibard

Femi Benussi dans "Nue pour l'assassin" (Bianchi, 1975). Au fond, Nino Castelnuovo en slibard

Sous l'influence de la plastique incendiaire de Femi Benussi, certains titres virent au "chaud", voire au "très chaud". Exemples : C'est plus facile de garder la bouche ouverte (Barney, 1973), La partouze (Cardone, 1973), Obsessions charnelles (Rizzo, 1974), etc. La belle arrive même à attirer l'attention de José Benazeraf, réalisateur considéré comme le père du cinéma hard en France. Celui-ci lui fera enlever sa culotte dans Adolescence pervertie (1975), un film qui, dans la filmographie de Benazeraf, se situe entre L'homme qui voulait violer le monde (1974) et La soubrette perverse (1975)...

Après avoir enchaîné les sexy-comédies à l'italienne jusqu'à la fin des années 70, Femi Benussi disparaît peu ou prou des écrans et n'est plus référencée que dans trois ou quatre films après 1978, dont un film érotique grec (Erotiko Pathos, 1981) signé Ilyas Mylonakos et interprété par la transsexuelle Ajita Wilson, restée à jamais célèbre pour sa prestation inoubliable dans Sadomania (1981) de l'inénarrable Jesus Franco. Ça, c'était du cinéma !

Ci-dessous, un extrait de Bad Girls/La peur au ventre (Bianchi Montero, 1972) avec Femi Benussi dans ses œuvres :

Et finalement voici la bande-annonce tant attendue de Tarzana, sexe sauvage :

Publié dans Titres à nanars

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